David Metaxas. Un sacré pistolet - David METAXAS Avocat
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David Metaxas. Un sacré pistolet

David Metaxas. Un sacré pistolet

par Alice Géraud- www.liberation.fr – voir l’article

Ses confrères du barreau de Lyon les plus optimistes lui prédisent un destin à la Karim Achoui, ex-avocat parisien du grand banditisme qui, entre autres mésaventures, eut la douleur de sentir un jour une balle de 11.43 lui traverser la verge. Les plus pessimistes le voient simplement «au trou». Voire, hypothèse plus radicale, «dans un trou». «Jalousies»,balaye David Metaxas. «Ils ne supportent pas qu’un type de 35 ans soit devenu en quelques années un des meilleurs de Lyon. Ils ne supportent pas que je sois de toutes les affaires médiatiques.» L’avocat parle avec l’assurance de ceux dont l’ego ne semble pas connaître de limites. Il prend naturellement la pose de son physique avantageux. Epaules larges, peau lisse et regard bleu. Comme droit sorti de la série Avocats et Associés. Même jeu, mêmes répliques, mêmes aventures à rebondissements improbables où s’entrelacent histoires d’amour, de flics, de voyous et de rivalités professionnelles. Au sein du très bon teint et un brin pépère barreau lyonnais, le cas Metaxas faisait depuis quelques années des étincelles. Il leur a offert un feu d’artifices.

Le 20 mars, il a quitté son cabinet fraîchement perquisitionné encadré d’une brochette de policiers. Placé en garde à vue, il a été mis en examen pour «recel de violation du secret professionnel» par le juge Patrick Gachon, magistrat en charge de l’affaire Neyret. Il lui reproche de disposer d’informations fournies illégalement par le désormais célèbre et sulfureux commissaire. «Et alors ?» Il revendique des relations d’amitié avec Neyret. Sur le mode vieux comparses revenus de pas mal de choses, comme dans un film d’Olivier Marchal. Il en a même écrit un livre, qui vient de paraître, Michel Neyret, mon meilleur ennemi. Sur ces relations avec le commissaire, on peut lire ceci : «Bien souvent, ça se résum[ait] au « flingage » d’un magnum de champagne et à l’enlèvement bon enfant d’une « pépée » de passage.» Le rôle paraît parfois de composition. Il dit aussi avoir été son «adversaire professionnel numéro 1». Assure ne lui avoir jamais fournid’informations sur ses clients. Il insiste : «Faire une chose pareille serait signer mon arrêt de mort.» Il ajoute :De fait, son fonds de commerce, composé essentiellement de braqueurs et de trafiquants, peut avoir la gâchette sensible. Et il n’est pas exclu qu’il lui arrive des bricoles.

David Metaxas est sorti sonné du petit dépôt le jour où Mohamed Merah a été tué. Il note que cela lui a évité «d’apparaître à la une des journaux».Ce n’est peut-être pas plus mal. Trois semaines plus tard, à la demande du juge Gachon qui réclamait son interdiction d’exercer, il comparaissait devant le conseil de l’ordre du barreau de Lyon. Il a laissé son avocat, le président de la Licra, Alain Jakubowicz, défendre son cas. Il a échappé à la suspension. Mais pas à l’enquête déontologique ouverte par le barreau (la troisième tout de même). Un mois plus tard, mauvais karma décidément, il était à nouveau placé en garde à vue et mis en examen pour «violation du secret de l’instruction» par un juge dijonnais dans une affaire de stups en Côte-d’Or. Son avocat aimerait qu’il retrouve «un peu de sérénité». C’est-à-dire qu’il se taise. Metaxas a beaucoup de respect pour lui. Il dit de lui qu’il est «comme son père». Mais lui obéit finalement assez peu. En guise de «silence», il a donc écrit un livre et répond à des interviews à tour de bras.

C’est chez Alain Jakubowicz qu’il a débuté sa carrière, il y a une dizaine d’années.Il est alors un garçon passe-partout. L’ex-gamin raillé par ses camarades pour son embonpoint a été un étudiant en droit très bon élève, il a un frère jumeau qui lui aussi fait son droit, et des parents fonctionnaires installés dans le centre de Villeurbanne. RAS. On le connaît collaborateur discret et travailleur qui, durant des années, plancha sur le très lourd dossier de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. L’affaire, éprouvante, fait naître le jeune collaborateur à la médiatisation, qui deviendra l’une de ses drogues dures – lui dit que c’est «un outil comme un autre».

Après avoir mis un certain foutoir sentimental dans le so chic cabinet Jakubowicz, qui donnera d’ailleurs lieu à un premier roman édité à compte d’auteur et une première convocation chez le bâtonnier, il a eu une fille, annulé un mariage à la dernière minute,puis quitté le «père» pour rejoindre une autre éminence du barreau lyonnais, François Saint-Pierre. Il enchaîne les faits divers locaux à fort potentiel médiatique. Prend des initiatives qui feront des émules, comme cette condamnation de la SNCF à verser des dommages et intérêts à une usagère dont le TGV était en retard (pour l’anecdote, la passagère était sa compagne). Il commence surtout à se former un joli carnet d’adresses dans le milieu du banditisme. Et de belles inimitiés chez ses confrères pénalistes. Il en viendra aux mains avec l’un d’eux au sortir d’une audience.

Il devra quitter le cabinet de François Saint-Pierre après avoir laissé penser qu’il était l’avocat de Karim Benzema dans l’affaire Zahia. Le véritable défenseur du footballeur était son associé. «Un malentendu», élude Metaxas. Il monte alors son propre cabinet. Profite de l’occasion pourdistribuer dans tout le palais une carte de visite de la taille d’une demi-feuille A4 avec une photo de lui regard de braise, assis à califourchon sur une chaise baroque. L’initiative donne lieu à un concours de pastiches affichés dans la salle des avocats.

Il est désormais ailleurs. Dans des «bad stories», celles qu’il raconte dans son dernier livre. Parmi elles, quelques histoires vraies. Et quelques autres parfaitement incroyables. Comme celle de cette négociation face à un tribunal pénal international où il défend ce qui semble être un maître du monde de l’ombre. Sombre histoire de trafic d’armes et d’hélicoptères en vue d’un «génocide» en Afrique. Il préfère ne pas donner de noms, de dates ou de lieux. «Trop dangereux.» D’autres histoires sont plus perturbantes. Histoire de son premier dossier : la défense d’un homme ayant violé sa filleule de 7 ans. L’avocat écrivain raconte comment lors de la confrontation, il prend un soin calculé à déstabiliser la jeune victime, non sans, précise-t-il, une certaine «ignominie». Conclusion : «Ma stratégie porta ses fruits : après cette confrontation, la jeune fille se défenestra.»Il étire le récit : le père de l’enfant se serait vengé en tuant le violeur et aurait à son tour demandé à être défendu par Metaxas. Il reconnaît avoir «romancé» cette dernière partie. Dit que la première est vraie, qu’elle l’a vacciné à tout jamais des affaires de mœurs. Puis passe à autre chose. «J’ai besoin de choses fortes. C’est pour ça que j’aime les bandits, les gens de la nuit et ce qui va avec.» Il sait que la suite pourrait s’avérer compliquée professionnellement pour lui. Et se fait parfois lucide. «J’ai essayé d’être l’un des meilleurs ou le meilleur. C’est un crime de lèse-majesté dans le monde judiciaire. Circonstance aggravante, dans mon esprit, mais dans mon esprit seulement, j’y suis arrivé.»

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