Affaire Neyret : Me Metaxas, de la rage de réussir aux fréquentations dangereuses - David METAXAS Avocat
5
post-template-default,single,single-post,postid-5,single-format-standard,qode-listing-1.0.1,qode-social-login-1.0,qode-news-1.0,qode-quick-links-1.0,qode-restaurant-1.0,ajax_fade,page_not_loaded,,side_area_uncovered_from_content,qode-child-theme-ver-1.0.0,qode-theme-ver-12.1,qode-theme-bridge,bridge-child,wpb-js-composer js-comp-ver-5.4.2,vc_responsive
 

Affaire Neyret : Me Metaxas, de la rage de réussir aux fréquentations dangereuses

Affaire Neyret : Me Metaxas, de la rage de réussir aux fréquentations dangereuses

Par Flora Genoux – Le Monde.fr – Voir l’article

Le barreau de Lyon a décidé, mardi 10 avril, de laisser l’avocat David Metaxas exercer, mais a décidé l’ouverture d’une enquête déontologique. Mis en examen du chef de recel de violation de secret professionnel dans l’affaire Neyret, le jeune avocat lyonnais risquait quatre mois de suspension renouvelables, selon les réquisitions de l’avocate générale, qui estimait qu’une telle mesure se justifiait par le risque de disparition d’indices et de subornation de témoins.

L’avocat a gagné un répit, mais son avenir professionnel continue à s’écrire en pointillés. A elle seule, la saisine du Conseil de l’ordre – voulue par les juges parisiens qui instruisent l’affaire Neyret, et disposent d’écoutes téléphoniques entre le jeune pénaliste et l’ex-numéro 2 de la PJ de Lyon – constitue une première à Lyon.

Depuis plusieurs années, le personnage de Metaxas détonne au barreau de la ville : il est décrit tour à tour par les confrères qui l’ont côtoyé comme un « original » à « l’ego surdimensionné », un « ambitieux maladif » qui « par rage de réussir a franchi toutes les règles ».

Le Monde.fr a tenté de le contacter. Une voix faible et agacée décroche le téléphone, qui intime de rappeler le lendemain, avant de changer d’avis et de raccrocher soudainement. Son avocat, Alain Jakubowicz, lui a interdit de parler. « Pas pour le moment », « pas avant des années », renchérit Me Jakubowicz, qui estime que son client « a besoin de se retrouver ».

PARCOURS SOLIDE

David Metaxas, 35 ans, affiche un parcours solide, formé dans les grands cabinets lyonnais, et d’abord, pendant sept ans, auprès d’Alain Jakubowicz. Dans ce cabinet, où il entre en 2001, il défendra, entre autres, la partie civile dans l’affaire de la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. Me Jakubowicz le décrit comme un « énorme bûcheur », qui « travaille ses dossiers », « un avocat jusqu’au bout des ongles ». David Metaxas exerce ensuite comme associé chez un autre ténor du barreau, François Saint-Pierre, qui le décrit comme « un garçon très intelligent, sympa, motivé. Il avait une bonne compétence technique, il écrivait assez bien, plaidait assez bien. » David Metaxas est pourtant poussé vers la sortie après à peine dix-huit mois, pour s’être attribué, par une déclaration à la presse, la défense de Karim Benzema dans l’affaire Zahia, alors qu’un associé détenait le dossier.

Il s’installe alors à son compte. Une décision qu’il justifie ainsi sur son site Internet : « Fort de son expertise en procédure pénale et droit pénal, David Metaxas exerce désormais à titre individuel afin d’assurer au mieux le suivi personnalisé de chacune de ses affaires. » Celles-ci ont souvent trait au grand banditisme, qui lui fournit nombre de ses clients. Au cours de sa carrière, David Metaxas a ainsi assuré la défense de Jacques Mariani, réputé proche du grand banditisme corse, ou encore de Stéphane Alzraa, mis en examen et écroué dans l’affaire Neyret. David Metaxas ne se cache pas de ses relations avec ses clients. Dans un entretien accordé au mensuel régional Lyon Capitale, il expliquait : « Certains sont des amis. (…) J’ai des liens avec le monde de la nuit et celui du banditisme. »

>> Voir la vidéo : « Quand Metaxas se confiait à Lyon Capitale TV »

Au fil des années, l’avocat s’est attiré de nombreuses inimitiés, et rares sont ceux aujourd’hui qui prennent sa défense. Me Meusy, associé au cabinet d’Alain Jakubowicz, est pourtant de ceux-là. Il a connu David Metaxas alors que celui-ci n’était encore qu’un préadolescent, ami de son propre fils. « Il avait un regard très attentif et aigu, pour quelqu’un de son âge, et un grand sens de l’humour. » Aujourd’hui encore, il parle de « quelqu’un de très sensible, extrêmement attachant ».

Surprenant personnage qui publie en 2009 Ni sans toi ni avec toi, un roman, sous le pseudonyme d’Etan Aslaw, qui met en scène un avocat pénaliste quitté par sa compagne : « J’ai toujours adoré son prénom (…). Aujourd’hui encore je l’entends résonner. Dans le silence de son absence. C’est une caresse ou une meurtrissure ». Et encore : « Non sans raison, elle se méfiait de moi. Du jour où elle a prononcé le premier mot en me regardant les yeux, j’ai su que je tomberais éperdument amoureux. »

« UN PITBULL AU PRÉTOIRE »

Un style très lointain de celui qu’adopte David Metaxas quand il revêt sa robe d’avocat : « C’est un cas unique : au prétoire il pouvait être un pitbull contre les policiers », dénonce Jean-Paul Borrelly, secrétaire zonal du syndicat de police Alliance. Soucieux de souligner, comme les confrères qui s’expriment anonymement, « la présomption d’innocence », le policier évoque un avocat « hargneux ». « C’est un pourfendeur de flics, (…) il dénigre le travail des collègues. » Cette attitude, selon ses confrères, dépasse le prétoire : avec les autres avocats, les difficultés relationnelles laissent place au conflit, à l’intimidation. Certains le disent même « brutal ».

Au sein d’un barreau plutôt conservateur, c’est aussi sa médiatisation qui agace. Lors d’un portrait réalisé par Lyon Capitale et publié en 2010, il multiplie les sorties : « Je n’ai jamais ressenti que je n’étais pas le meilleur », ou encore, « être détesté, c’est un compliment, un signe de réussite ». Sur son site Internet – où il prend la pose –, il affiche les coupures de presse élogieuses le présentant comme « le jeune et bel avocat dont tout le monde parle en ce moment ».

Dans un milieu où il est difficile de percer, où de nombreux avocats pénalistes bataillent pour obtenir des dossiers, payer leurs charges, les méthodes de David Metaxas, jugées déloyales, suscitent les rancœurs. Un confrère évoque ainsi sa façon de s’attribuer les succès des autres ou de s’imposer pour obtenir la défense d’un prévenu. « C’est un dieu de la communication, il a un talent extraordinaire », admet un confrère.

Pendant son audience au conseil de l’ordre des avocats du barreau de Lyon, le 5 avril, David Metaxas reconnaît concernant les rapports avec ses confrères avoir « fait preuve d’excès ». Ce rendez-vous juridique a été pour lui « une occasion de profondément réfléchir ». Eprouvé par ses 48 heures de garde à vue au mois de mars, il aborde son transfèrement de Lyon à Paris, les menottes passées au palais de justice dans l’attente de sa première comparution. « Ces images-là, je ne les oublierai jamais. »

LES BANDITS ET NEYRET

Ce sont ses relations avec le commissaire Neyret qui lui ont valu sa mise en examen. Les juges d’instruction disposent d’écoutes téléphoniques lors desquelles le commissaire délivre des informations précieuses pour les dossiers des clients défendus par David Metaxas. « Je suis désolée, on ne doit pas être amis à ce point-là », a commenté l’avocate générale lors de l’audience au barreau de Lyon. « Je l’avais mis en garde contre ses mauvaises pratiques professionnelles, rapporte Me Saint-Pierre, je l’avais alerté sur ses relations avec Neyret qui pouvait éventuellement le manipuler ».

« Péché d’immaturité », balaie son avocat, pour qui les entretiens téléphoniques relèvent de « la bravade ». A la suite de l’arrestation de Michel Neyret, qui demande au jeune avocat de prendre sa défense, David Metaxas multiplie les interventions dans les médias motivant son refus de s’emparer du dossier. « Je regrette que ce soit un homme qui paie les pots cassés, je pense que c’est toute une institution qui doit rendre des comptes », affirmait opportunément l’avocat.

Tags: